LA RÈCHE:
mécanique d'un conflit
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Texte François Hien Mise en scène François Hien avec Maudie Cosset-Chéneau, Clémentine Desgranges et Sigolène Pétey, metteur.se.s en scène invité.e.s Dramaturgie conçue avec les interprètes Estelle Clément-Bealem, Clémentine Beth, Kadiatou Camara, Nima Djellalil, Saffiya Laabab, Katayoon Latif, Flora Souchier, Emilie Waïche, Amélie Zekri Regard extérieur et conception du principe de mise en scène Arthur Fourcade Création lumière et régie générale Benoit Brégeault
Costumes et scénographie Sigolène Pétey
Stagiaires costumes Alice Chanrion, François Rey Musique Kadiatou Camara et toute la distribution du spectacle Direction musicale Martin Sève Production et diffusion Pauline Favaloro et Nicolas Ligeon Stagiaire production Antoine Deloche
Production Ballet Cosmique Aide à la production DRAC - Auvergne Rhône Alpes, Région Auvergne Rhône Alpes
Coproduction Le Théâtre National Populaire (Villeurbanne), L’Azimut – Antony/Châtenay-Malabry, Pôle National Cirque en Ile-de-France, Scène Nationale de Bourg-en-Bresse (Ain)
En partenariat avec le GEIQ Théâtre / Compagnonnage
Avec le soutien de l’école de la Comédie de Saint-Étienne / DIESE# Auvergne-Rhône-Alpes
L'Harmonie Communale est conventionnée par la DRAC Auvergne Rhône Alpes sur 2023 et 2024
Après une absence de cinq ans pour congé parental, Yasmina revient à la crèche Bicarelle dont elle est directrice adjointe, dans la banlieue d’une ville imaginaire. Elle tient à pouvoir garder son voile au travail, ce que ne permet pas le règlement. La directrice, Francisca, la congédie, et Yasmina porte plainte pour discrimination. C’est le début d’un affrontement qui va prendre à partie toutes les employées de la crèche et tous les habitants du quartier, les contraindre à se positionner et creuser des gouffres là où jusqu’alors l’entente régnait. Le conflit se durcit et prend les allures d’une tornade médiatique et idéologique nationale.
La pièce est une mise à nu de ces mécaniques implacables où chaque camp finit par se caricaturer lui-même, dans une société du débat qui fait feu de tout bois.
Cette nouvelle version du spectacle, originellement créé en 2017 et librement adapté de l’affaire Baby-Loup, propose un texte retravaillé en collaboration avec une nouvelle distribution, constituée de jeunes comédiens : un collectif qui dans sa diversité reflète une sensibilité aux thèmes décrits par la pièce, qu’il s’agisse de discrimination, d’islamophobie ou de travail social.
La Crèche : mécanique d’un conflit a été créée en 2023 au Théâtre National Populaire de Villeurbanne. Originellement créée en 2017, la pièce a fait l’objet d’une profonde réécriture, à la faveur d’un travail collectif mené avec un groupe de comédiennes engagées et concernées par les sujets évoqués. Nous avons rassemblé un groupe le plus intelligent possible, dont la diversité interne a repoussé mes angles morts.
Durant la création, Nous avons rencontré des avocats et avocates, des personnes voilées ayant été confrontées à des licenciements pour discrimination, des éducatrices de jeunes enfants, etc. Nous nous sommes parfois placés sous leur regard, en jeu, pour retoucher certaines scènes. Pour autant, je crois que cette pièce n’est pas thématisable de manière univoque. Ce n’est pas une pièce sur la laïcité, ni sur le voile, ni sur l’islamophobie. C’est l’histoire d’un groupe humain qui se trouve déchiré, dévasté par l’irruption de ces questions-là. Plutôt que de théâtre documentaire, je parlerais au contraire de théâtre romanesque : nous suivons un grand nombre de personnages, sur une grande épaisseur de temps. Le conflit se nourrit d’une myriade de détails qui peu à peu le complexifient, le raffinent. Le groupe de travailleuses à qui ce conflit arrive est contraint à se positionner, hésite, varie. Et l’on sort de la pièce avec le goût amer des grands gâchis.
Pour autant, la pièce s’efforce de produire, dans sa dernière partie, une sorte d’antidote performatif à la logique de méfiance qu’elle a déployée jusque là.
C’est une pièce, au fond, sur les paroles qui blessent et les mots qui réparent.
François Hien
" Il faut se faire une religion d’aller voir ce spectacle. Tout simplement parce qu’il déploie toute la complexité d’un conflit de personnes qui devient une polémique nationale. Parce qu’il poursuit l’utopie d’un monde qui saurait encore et toujours se parler et s’expliquer quand les divergences d’opinion paraissent de plus en plus fracturer le pays. Parce qu’il déploie une théâtralité simple et efficace, basée sur une parole qui ne cherche pas le réalisme mais la clarification des pensées et des ressentis. Parce qu’il recherche l’impossible objectivité sans jamais verser dans une neutralité gnangnan. Parce qu’il cherche à réconcilier les êtres sans occulter les luttes nécessaires et les phénomènes d’oppression à l’œuvre dans la société. Parce que ses neuf comédiennes font troupe et amènent au plateau des personnages que l’on n’y a jamais vus, des auxiliaires puéricultrices et des mères de famille voilées. Parce que les trois heures de dépliage d’une affaire nationale montrent à quel point les oppositions de principe et autres principes irréductibles construisent le malheur de la société civile. Parce que l’esprit du spectateur y est toujours en tension et en mouvement, toujours porté à se questionner. Parce qu’il montre à quel point les laïcards tendance Printemps Républicain font du mal. Parce qu’il n’occulte pas la justesse des combats féministes mais questionne les formes qu’ils doivent prendre aujourd’hui. Parce qu’il s’inscrit dans une thématique qui reste d’une redoutable actualité. Parce qu’il nous donne l’espoir et des moyens de s’entendre. Et esquisse pour cela le rôle qu’un artiste, un joueur de flûte, peut jouer. C’est impressionnant, sans jamais intimider, c’est incontournable. "
Eric Demey - Sceneweb
"Avec l’habileté dramaturgique qu’on lui connaît, François Hien fait le pari de la fresque narrative. Sans manichéisme aucun, en s’appuyant sur ses neuf formidables comédiennes, il révèle les mécanismes qui font s’emballer la machine. Un tour de force théâtral, dans son plus simple appareil." TTT
Vincent Bouquet - Télérama
''Le spectacle est, cette fois, le fruit d'une mise en scène collective dont se dégagent, sur le plateau, la force de l'implication intime de chacune et la puissance de la sororité nourrie par le groupe''
Eve Guyot - La Croix
"L'ensemble donne à voir avec acuité les structures de domination, l'intrication entre intérêts individuels et collectifs, l'instrumentalisation politique, les obsessions islamophobes, les sentiments de relégation, les rapports de classe et de racisme. D'hier à aujourd'hui, on mesure les écarts et proximités"
Caroline Châtelet - Théâtre(s)
" Durant presque trois heures, on en appréhende parfaitement les divers enjeux : juridiques, sociaux, religieux, personnels et mêmes intimes. C'est la grande réussite de cette pièce, elle nous captive des premières aux dernières répliques, notamment grâce à la juste interprétation d'une jeune troupe nombreuse. A voir absolument, quelle que soit l'opinion que l'on puisse avoir sur le sujet. "
N.B. - Le Progrès
" Comme un documentaire vivant sur les planches d'un théâtre, avec des actrices qui d'un rôle à l'autre sont formidablement, émouvantes, pugnaces et drôles aussi, accompagnées magistralement par une habile mise en scène d'une fluidité qui impressionne.
Jamais manichéen, le texte de François Hien déconstruit avec une précision d'horloger la mécanique d'une incompréhension.
Grace à la somme de tous ces talents réunis, nous assistons à un spectacle, passionnant, utile et nécessaire et surtout terriblement humain. "
Michelio - Baz'art
"Un dense et passionnant moment de théâtre qui fait résonner un événement réel passé avec le présent."
"Des scènes de vie de crèche, de procès, des interventions médiatiques ou encore des dialogues des principales intéressées à plusieurs moments de leur conflit se mêlent avec une grande précision des mots et des gestes, qui en réveillant une histoire du passé créent un présent foisonnant. Toutes les pensées sur le même sujet y cohabitent et y évoluent, souvent dans la douleur, sans qu’aucune soit stigmatisée"
Anaïs Heluin - La Terrasse
"François Hien fait sans autre moyen que son intelligence et sa direction"
Trina Mounier - Les 3 Coups
> AUTOUR DE LA PIÈCE
En parallèle à la pièce, François Hien a écrit un essai à propos de la même affaire, Retour à Baby-Loup, Contribution à une désescalade, sorti en septembre 2017 aux Éditions PETRA.
Diplômé en 2005 de l’INSAS, une école belge de cinéma et de théâtre, j’ai été documentariste pendant une dizaine d’année. En 2016, c’est avec ma casquette de réalisateur que je m’intéresse à une histoire très médiatisée : l’affaire Baby-Loup.
Au départ, il n’y avait qu’un conflit entre deux femmes, les arguments religieux ayant tout du prétexte. Rapidement, des idéologues des deux bords avaient tenu à faire de cette affaire un symbole ; leurs commentaires avaient peu à peu généré une logique de camp, à laquelle il devenait difficile d’échapper. En reconstituant les étapes de la crispation réciproque entre les deux tendances, je me rendais compte que chaque camp avait fini par ressembler au portrait caricatural que son adversaire avait d’abord dressé de lui.
J’ambitionnais de tirer un documentaire de cette histoire. Comme je le fais d’habitude, j’ai commencé à mener mon enquête de terrain, solitairement, rencontrant tous les protagonistes de l’affaire et m’imprégnant de l’atmosphère de Chanteloup. Cependant, assez vite, je me suis rendu compte que ce documentaire serait difficile à tourner : échaudés par la couverture médiatique massive, les habitants voulaient bien me parler de ce qui s’était passé, mais pas témoigner devant ma caméra. Par ailleurs, il me semblait que ce que je voulais raconter, la nature de ce « piège sans auteur » où tout le monde était tombé, exigeait un récit au présent, qui reconstitue les rouages de l’histoire, et non pas un documentaire au passé. Ainsi montait en moi une envie d’écriture et de fiction.
C ’est sur l’impulsion de Nicolas Ligeon – avec qui j’allais créer quelque temps plus
tard la compagnie L’Harmonie Communale – que j’ai décidé d’écouter une envie ancienne et jamais réalisée, et faire de cette histoire une pièce de théâtre. Je propose alors à quelques comédiens de ma connaissance de participer à des ateliers en dehors de tout cadre de production. Désireux de relocaliser l’histoire ailleurs que dans son contexte d’origine, j’ai eu l’idée de la faire se dérouler à Saint-Etienne, en particulier dans le quartier de Montreynaud.
En y faisant des repérages, j’ai rencontré une compagnie qui y travaillait, le Collectif X, et avec qui nous déciderions, l’année suivante, de créer une première version de La Crèche lors d’un labo d’été.
François Hien
Auteur François Hien Mise en scène collective d'après une mise en scène d'Arthur Fourcade Interprétation Farés Bounoua, Estelle Clément-Bealem, Maud Cosset-Chéneau, Raphaël Defour, Clémentine Desgranges, Kathleen Dol, Arthur Fourcade, François Hien, Maud Lefebvre, Yann Lheureux, Lucile Paysant Régie Lumière Charles Boinot Création musicale Julien Nini Administrateur de production / diffusion Nicolas Ligeon.
Production Ballet Cosmique
Centre Culturel Communal Charlie Chaplin – Vaulx-en-Velin (69) - Théâtre Jean Vilar - Bourgoin-Jallieu (38) – Théâtre Jean Marais – Saint-Fons (69) – La Mouche – Saint-Genis-Laval (69) – Théâtre de l'Élysée – Lyon (69)